Un événement mensuel

Chaque dernier dimanche du mois à partir de 16h30 et jusqu'à minuit, la chaleur et la convivialité si particulière de Cuba, tant appréciée de tous ceux qui y ont un jour goûté, ont rendez-vous à La Peña del Son.

Des concerts

Les meilleurs groupes jouent dans une ambiance qu'ils apprécient : les musiciens donnent le meilleur d'eux-mêmes pour leur plaisir... et le vôtre.

Des cours de danse

Pour tous les niveaux, tous les styles avec les meilleur-e-s professeur-e-s travaillant à Paris. Durant le concert et les DJ sets, ils vous invitent à mettre en pratique ce que vous savez faire, dans une ambiance détendue.

Des conférences

Pour que vous ne dansiez pas idiot, un conférencier spécialiste des musiques cubaines et latines vous livre quelques clés pour comprendre de quoi on parle lors de présentations musicales légères. Venez, vous saurez !

Tous les parfums de la culture cubaine

Expositions, littérature, musique, danse, cuisine, cocktails, jeu de dominos, rencontres, ... : tous les ingrédients sont réunis pour vous faire goûter tous les plaisirs de l'île : la alma cubana.

dimanche 18 mai 2014

Les cajónes

A l'origine, les cajónes sont, tout simplement... des caisses d'emballage récupérées ici et là pour servir de percussions de fortune lors des fêtes entre amis. Caisses de bougies, caisses de morue, emballages variés, tiroirs, escalier (!), tout est bon et tout y passe : les tailles différentes des objets donnent des sonorités différentes complémentaires tandis que les différents rythmes joués s'entrecroisent.




Instruments privilégiés des populaires rumbas, les cajónes sont aujourd'hui souvent remplacés par des instruments manufacturés plus professionnels, ou bien par des congas.




Même s'ils sont souvent associés à ces fêtes profanes, les cajónes servent parfois lors de cérémonies rituelles (cajónes spirituales et cajones de muertos), comme on peut le voir et l'entendre sur cette video.

jeudi 8 mai 2014

Makuta !

Les Congos et Bantous, arrivés à Cuba suite aux razzias effectués dans le cadre de la traite négrière, sont originaires de la façade atlantique africaine, du centre et jusqu'au Mozambique.

Congos et bantous sont adeptes de la religion du palo monte, dont la makuta est une des célébrations.

A l'origine, la makuta est dansée dans un lieu sacré, nommé « munanso bela », présidé par le roi ou la reine du cabildo.

C'est néanmoins une fête profane, destinée à honorer les divinités congo de Cuba. Fernando Ortiz note qu'elle est offerte aux dieux « en guise de divertissement ». Elle puise dans un riche répertoire de chants dévotionnels et de danses spectaculaires.
La makuta se danse en couple, l'homme et la femme se font face san être enlacés. L'homme poursuit la femme de ses assidutés érotiques avec des mouvements très suggestifs, tandis que la femme cherche à éviter les ardeurs masculines.




La danse makuta est originairement rythmée par trois tambours (dits yuka ou makuta), introduits à Cuba par les esclaves Congo. Fabriqués dans de troncs d'arbres évidés recouverts d'une peau tendue sur une de leurs extrémités, ils sont longs et lourds. Ils sont généralement joués avec les mains et sont de taille différentes : caja est le plus grand ; le moyen se nomme mula ; le plus petit est cachimbo. A l'origine sacrés, ils sont devenus profanes, et leur jeu influencera profondément la rumba cubaine.

Ces trois tambours sont sans doute l'origine principale des congas, aujourd'hui bien connues dans les musiques latines, et qui les ont définitivement remplacés, exceptés dans les musiques folkloriques les plus traditionnelles.


Beni More et Chano Pozo, tous deux d'origine congo, furent dans leur enfance bercés par les rythmes des tambours makuta, qui sont évoqués dans certains de leurs morceaux.




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Bibliographie :

Fernando Ortiz, Los instrumentos de la Música Afrocubana, La Havane.
Elio Horovio – Cuba music rom A to Z, Duke University Press, 2004.
Isabelle Leymarie – Cuba, la musique des dieux, Editions du Layeur, 1998
Antoine Manda Tchebwa  - Musiques et danses de Cuba: Héritages afro-cubain et euro-cubain dans l'affirmation créole, L'Harmattan, 2012.
Liliane Prévost,Isabelle de Courtilles, Les racines des musiques noires, L'Harmattan, 2009.
Yvonne Daniel  - Rumba : Dance and Social Change in Contemporary Cuba, Indiana University Press, 1995.

Voir aussi :
http://www.juliensalsa.fr/musique-cubaine-yuka.php


mercredi 7 mai 2014

Les cabildos, sociétés de divertissement et de secours mutuel

C'est en 1512 que l'Espagne commença la déportation d'Africains réduits en esclavage vers Cuba, alors possession espagnole.

Déracinés des actuels Nigeria, Cameroun, Bénin, Sierra Leone, Angola, Ghana, Congo, Mozambique,..., ces populations tentèrent tant que bien que mal de conserver une identité en préservant leurs traditions culturelles, religieuses, musicales. 

Ils cherchèrent à se regrouper en confréries – les cabildos, qui permettaient aussi de s'aider entre membres d'une même ethnie.

Le premier cabildo, Cabildo Shango, fut créé à La Havane en 1568.
L'administration coloniale espagnole tolérait généralement ces confréries, y voyant un moyen de réguler les tensions entre les maîtres et les esclaves. Ainsi, les Noirs avaient parfois l'autorisation de pratiquer leurs danses et leurs musiques lors de fêtes les réunissant durant les rares périodes de repos, ce qui contribua à la survie des traditions venues d'Afrique.
Les esclaves en profitaient pour célébrer leurs propres divinités et rituels, en musique bien sûr.

Chaque cabildo, à la fois société de secours mutuel, de divertissement et ciment des traditions, était régi par une hiérarchie interne et dirigé par un « roi », représentant sa « nation » devant les autorités coloniales. La gestion des biens de la confrérie lui était confiée : il pouvait ainsi récompenser ou donner des amendes aux membres du cabildo, dont les revenus allaient jusqu'à rendre possible l'achat de la liberté de certains. C'est aussi au sein de ces cabildos que le mélange entre religions africaines et catholicisme prit corps, générant des syncrétismes comme la santería.

Au XIXème siècle, la bonne société blanche et créole, s'offusquant du bruit occasionné par ces fêtes qu'elles jugeaient sauvages, fit cantonner les cabildos en dehors des limites de la ville... ce qui renforça leur indépendance.

Les cabildos devinrent des foyers de révoltes anti-esclavagistes. Ces rébellions furent réprimées dans le sang, et leur échec sonna le début de la fin des cabildos. Les autorités cubaines établirent alors un contrôle de plus en plus serré et bridèrent de plus en plus leurs activités. A la fin du XIXème siècle, les cabildos n'étaient plus que des survivances plus ou moins secrètes et avaient perdu l'essentiel de leur force.

Voici les correspondances entre les noms de différents cabildos, les régions d'origine des esclaves et leur ethnie d'appartenance.


Cabildo Région d'origine Ethnie d'origine
Abakuá Nigeria, Cameroun Ekpe
Mandinga Sierra Leone Malinké
Ganga Sierra Leone Malinké
Mina Côte de l'Or (actuel Ghana) Akan
Lucumi Benin, Nigeria Yoruba
Carabalis Nigeria Igbo - Efik
Macauas Mozambique Makua
Congo Angola Bantu