Un événement mensuel

Chaque dernier dimanche du mois à partir de 16h30 et jusqu'à minuit, la chaleur et la convivialité si particulière de Cuba, tant appréciée de tous ceux qui y ont un jour goûté, ont rendez-vous à La Peña del Son.

Des concerts

Les meilleurs groupes jouent dans une ambiance qu'ils apprécient : les musiciens donnent le meilleur d'eux-mêmes pour leur plaisir... et le vôtre.

Des cours de danse

Pour tous les niveaux, tous les styles avec les meilleur-e-s professeur-e-s travaillant à Paris. Durant le concert et les DJ sets, ils vous invitent à mettre en pratique ce que vous savez faire, dans une ambiance détendue.

Des conférences

Pour que vous ne dansiez pas idiot, un conférencier spécialiste des musiques cubaines et latines vous livre quelques clés pour comprendre de quoi on parle lors de présentations musicales légères. Venez, vous saurez !

Tous les parfums de la culture cubaine

Expositions, littérature, musique, danse, cuisine, cocktails, jeu de dominos, rencontres, ... : tous les ingrédients sont réunis pour vous faire goûter tous les plaisirs de l'île : la alma cubana.

mercredi 24 décembre 2014

1920 : le mojito est promu cocktail national de Cuba

Qui ne connaît pas le mojito ?
Dans un verre haut et solide, déposez 7 feuilles de menthe, 2 cuillerées de sucre additionnées de 3 cl de jus de citron vert.
Ecrasez délicatement la menthe avec un pilon (sans cogner !) afin de lui faire exprimer son suc, mais sans trop broyer les feuilles. Ajoutez maintenant 6 cl de rhum (cubain bien sûr), remplissez le verre de glaçons jusqu'à moitié, et complétez d'eau gazeuse.
Décorez avec une branche de menthe, une rondelle de citron vert : le tour est joué, vous avez en main le coktail le plus célèbre du monde.

Qui déguste un mojito rend sans le savoir hommage à la mémoire de Francis Drake, alias El Draque – le Dragon-, célèbre navigateur, corsaire, explorateur, esclavagiste, premier anglais à faire le tour du monde en 1580.
Entre deux raids sur La Havane, le Dragon avait ses habitudes dans un repère de l'Ile de La Jeunesse (Cuba), pas très fréquentée à l'époque, où une taverne infâme comme on les aime servait un tafia (du rhum non raffiné) que l'aventurier et ses potes sirotaient en mâchouillant des feuilles de menthe.

Francis Drake vers 1590
Héros pour l'Angleterre, vulgaire pirate pour les Espagnols qui offraient 4 millions de livres pour sa capture, le bandit des mers sera finalement terrassé par la dysenterie en 1596, après avoir échappé aux boulets de canons espagnols de l'Invincible Armada.


En 1920, le Draquecito amélioré est rebaptisé Mojito, nom venu de « mojo », mélange à base de citron qui sert d'ingrédient à la cuisine, et devient « cocktail national de Cuba ».

Ernest Hemingway en sera l'ambassadeur inlassable, en popularisant La Bodeguita del Medio, bar de La (vieille) Havane on l'on sert, dit-on, les meilleurs mojitos du monde connu.



Aujourd'hui, après avoir conquis les USA, l'Europe et le reste du monde, l'image du mojito est toujours attachée à La Havane.
Vous, je ne sais pas... mais moi, quand la chaleur frissonnante du rhum irrigue dans les épaules et descend dans les bras, j'entends à chaque fois un vieil air de bolero joué sur un piano pas très bien accordé... et dès le troisième mojito, je vois immanquablement la silhouette d'Halle Berry surgir de l'Atlantique.
Faut juste bien respecter la recette, à tous les coups ça marche.




jeudi 12 juin 2014

Les dominos à Cuba : caja de muerto et capicúa !

Dès sa première édition, La Peña del Son a mis à l'honneur les dominos, véritable tradition de la rue et des solars à Cuba, et en a lancé la mode.

Depuis plus d'un an, chaque dernier dimanche du mois, amateurs et novices s'affrontent en toute amitié avec joie, fougue, enthousiasme, espoir... ou désespoir, quand le sort décide de leur donner une mauvaise main.

Les règles sont simples et connues de tous... mais croyez-vous qu'il suffise d'aligner des dominos de même valeur pour être un grand joueur ?

Alors regardez la video ci-dessous (si vous comprenez un peu d'espagnol ou si vous voulez retrouver l'ambiance cubaine) et lisez celà, si vous ne parlez pas un mot de cubagnol.

dimanche 18 mai 2014

Les cajónes

A l'origine, les cajónes sont, tout simplement... des caisses d'emballage récupérées ici et là pour servir de percussions de fortune lors des fêtes entre amis. Caisses de bougies, caisses de morue, emballages variés, tiroirs, escalier (!), tout est bon et tout y passe : les tailles différentes des objets donnent des sonorités différentes complémentaires tandis que les différents rythmes joués s'entrecroisent.




Instruments privilégiés des populaires rumbas, les cajónes sont aujourd'hui souvent remplacés par des instruments manufacturés plus professionnels, ou bien par des congas.




Même s'ils sont souvent associés à ces fêtes profanes, les cajónes servent parfois lors de cérémonies rituelles (cajónes spirituales et cajones de muertos), comme on peut le voir et l'entendre sur cette video.

jeudi 8 mai 2014

Makuta !

Les Congos et Bantous, arrivés à Cuba suite aux razzias effectués dans le cadre de la traite négrière, sont originaires de la façade atlantique africaine, du centre et jusqu'au Mozambique.

Congos et bantous sont adeptes de la religion du palo monte, dont la makuta est une des célébrations.

A l'origine, la makuta est dansée dans un lieu sacré, nommé « munanso bela », présidé par le roi ou la reine du cabildo.

C'est néanmoins une fête profane, destinée à honorer les divinités congo de Cuba. Fernando Ortiz note qu'elle est offerte aux dieux « en guise de divertissement ». Elle puise dans un riche répertoire de chants dévotionnels et de danses spectaculaires.
La makuta se danse en couple, l'homme et la femme se font face san être enlacés. L'homme poursuit la femme de ses assidutés érotiques avec des mouvements très suggestifs, tandis que la femme cherche à éviter les ardeurs masculines.




La danse makuta est originairement rythmée par trois tambours (dits yuka ou makuta), introduits à Cuba par les esclaves Congo. Fabriqués dans de troncs d'arbres évidés recouverts d'une peau tendue sur une de leurs extrémités, ils sont longs et lourds. Ils sont généralement joués avec les mains et sont de taille différentes : caja est le plus grand ; le moyen se nomme mula ; le plus petit est cachimbo. A l'origine sacrés, ils sont devenus profanes, et leur jeu influencera profondément la rumba cubaine.

Ces trois tambours sont sans doute l'origine principale des congas, aujourd'hui bien connues dans les musiques latines, et qui les ont définitivement remplacés, exceptés dans les musiques folkloriques les plus traditionnelles.


Beni More et Chano Pozo, tous deux d'origine congo, furent dans leur enfance bercés par les rythmes des tambours makuta, qui sont évoqués dans certains de leurs morceaux.




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Bibliographie :

Fernando Ortiz, Los instrumentos de la Música Afrocubana, La Havane.
Elio Horovio – Cuba music rom A to Z, Duke University Press, 2004.
Isabelle Leymarie – Cuba, la musique des dieux, Editions du Layeur, 1998
Antoine Manda Tchebwa  - Musiques et danses de Cuba: Héritages afro-cubain et euro-cubain dans l'affirmation créole, L'Harmattan, 2012.
Liliane Prévost,Isabelle de Courtilles, Les racines des musiques noires, L'Harmattan, 2009.
Yvonne Daniel  - Rumba : Dance and Social Change in Contemporary Cuba, Indiana University Press, 1995.

Voir aussi :
http://www.juliensalsa.fr/musique-cubaine-yuka.php


mercredi 7 mai 2014

Les cabildos, sociétés de divertissement et de secours mutuel

C'est en 1512 que l'Espagne commença la déportation d'Africains réduits en esclavage vers Cuba, alors possession espagnole.

Déracinés des actuels Nigeria, Cameroun, Bénin, Sierra Leone, Angola, Ghana, Congo, Mozambique,..., ces populations tentèrent tant que bien que mal de conserver une identité en préservant leurs traditions culturelles, religieuses, musicales. 

Ils cherchèrent à se regrouper en confréries – les cabildos, qui permettaient aussi de s'aider entre membres d'une même ethnie.

Le premier cabildo, Cabildo Shango, fut créé à La Havane en 1568.
L'administration coloniale espagnole tolérait généralement ces confréries, y voyant un moyen de réguler les tensions entre les maîtres et les esclaves. Ainsi, les Noirs avaient parfois l'autorisation de pratiquer leurs danses et leurs musiques lors de fêtes les réunissant durant les rares périodes de repos, ce qui contribua à la survie des traditions venues d'Afrique.
Les esclaves en profitaient pour célébrer leurs propres divinités et rituels, en musique bien sûr.

Chaque cabildo, à la fois société de secours mutuel, de divertissement et ciment des traditions, était régi par une hiérarchie interne et dirigé par un « roi », représentant sa « nation » devant les autorités coloniales. La gestion des biens de la confrérie lui était confiée : il pouvait ainsi récompenser ou donner des amendes aux membres du cabildo, dont les revenus allaient jusqu'à rendre possible l'achat de la liberté de certains. C'est aussi au sein de ces cabildos que le mélange entre religions africaines et catholicisme prit corps, générant des syncrétismes comme la santería.

Au XIXème siècle, la bonne société blanche et créole, s'offusquant du bruit occasionné par ces fêtes qu'elles jugeaient sauvages, fit cantonner les cabildos en dehors des limites de la ville... ce qui renforça leur indépendance.

Les cabildos devinrent des foyers de révoltes anti-esclavagistes. Ces rébellions furent réprimées dans le sang, et leur échec sonna le début de la fin des cabildos. Les autorités cubaines établirent alors un contrôle de plus en plus serré et bridèrent de plus en plus leurs activités. A la fin du XIXème siècle, les cabildos n'étaient plus que des survivances plus ou moins secrètes et avaient perdu l'essentiel de leur force.

Voici les correspondances entre les noms de différents cabildos, les régions d'origine des esclaves et leur ethnie d'appartenance.


Cabildo Région d'origine Ethnie d'origine
Abakuá Nigeria, Cameroun Ekpe
Mandinga Sierra Leone Malinké
Ganga Sierra Leone Malinké
Mina Côte de l'Or (actuel Ghana) Akan
Lucumi Benin, Nigeria Yoruba
Carabalis Nigeria Igbo - Efik
Macauas Mozambique Makua
Congo Angola Bantu


dimanche 13 avril 2014

La Sierra Maestra de Juan Carlos González


Juan Carlos González















Est-ce parce que son père a joué avec le grand tresero Arsenio Rodriguez que Juan Carlos est tombé amoureux du son ?
Il fonde en tout cas le groupe Sierra Maestra en 1994, qui réenregistre d'anciens standards de son traditionnel et de son montuno dans un studio moderne : une belle occasion de faire redécouvrir la beauté profonde de cette musique, et d'en initier le renouveau mondial.



Deux ans plus tard, Juan Carlos González fondera Afro-Cuban All Stars, qui réunira une belle brochette de gloires musicales cubaines oubliées ou non.




Remarqué par le musicien américain Ry Cooder, le projet donnera lieu au Buena Vista Social Club, qui emmenera le groupe sur les plus prestigieuses scènes du monde, dont Carnegie Hall à New York... ou l'Olympia à Paris.
Cette aventure musicale et humaine inspirera un beau film au cinéaste allemand Wim Wenders.






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Nicolas Guillen, poète du son

Nicolas Guillen (1902-1989)
A bas la lyre, vive le bongo ! C'est ce slogan percutant qui guide l'action littéraire d'intellectuels cubains du début du XXème siècle. Par cette prise de position radicale, ils souhaitent non pas mettre à bas la guitare espagnole pour la remplacer par des percussions africaines, mais bien réhabiliter ce que Cuba doit à l'Afrique, dans un pays où le racisme est alors monnaie courante.

En ces temps d'indépendance et de lutte nationaliste, c'est aussi une manière de célébrer la cubanité, mélange original d'Europe et d'Afrique, en rééquilibrant ce double héritage et en célébrant la source noire à sa juste valeur.

Le travail poétique de Nicolas Guillen, métis né à Camaguey en 1902, va dans ce sens. En 1930, il publie Motivos de son (Poèmes en forme de son), où son talent littéraire rend un bel hommage au son, encore souvent considéré à l'époque par la bonne société comme une musique de bas étage.
Ce regard admiratif d'un intellectuel connaisseur porté sur une musique à la fois populaire et noire contribuera au triomphe du son, que le grand joueur de tres Arsenio Rodriguez portera bientôt vers des sommets inégalés.

Cliquer pour agrandir









 


 Motivos de son sera suivi en 1931 du recueil poétique Songoro Cosongo, dans lequel  il n'est pas nécessaire de comprendre la langue pour entendre la richesse rythmique de la poésie de Guillen.







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