
C'est en 1512 que l'Espagne commença
la déportation d'Africains réduits en esclavage vers Cuba, alors
possession espagnole.
Déracinés des actuels Nigeria, Cameroun,
Bénin, Sierra Leone, Angola, Ghana, Congo, Mozambique,..., ces populations
tentèrent tant que bien que mal de conserver une identité en préservant leurs traditions
culturelles, religieuses, musicales.
Ils cherchèrent à se
regrouper en confréries – les cabildos, qui permettaient aussi de
s'aider entre membres d'une même ethnie.
Le premier cabildo,
Cabildo
Shango, fut créé à La Havane en 1568.
L'administration
coloniale espagnole tolérait généralement ces confréries, y
voyant un moyen de réguler les tensions entre les maîtres et les
esclaves. Ainsi, les Noirs avaient parfois l'autorisation de
pratiquer leurs danses et leurs musiques lors de fêtes les réunissant durant les
rares périodes de repos, ce qui contribua à la survie des
traditions venues d'Afrique.
Les esclaves en profitaient pour
célébrer leurs propres divinités et rituels, en musique bien
sûr.
Chaque cabildo, à la fois société de secours mutuel,
de divertissement et ciment des traditions, était régi par une
hiérarchie interne et dirigé par un « roi », représentant sa « nation » devant les autorités coloniales.
La gestion des biens de la confrérie lui était confiée : il
pouvait ainsi récompenser ou donner des amendes aux membres du
cabildo, dont les revenus allaient jusqu'à rendre possible l'achat
de la liberté de certains. C'est aussi au sein de ces cabildos que
le mélange entre religions africaines et catholicisme prit corps,
générant des syncrétismes comme la santería.
Au XIXème
siècle, la bonne société blanche et créole, s'offusquant du bruit
occasionné par ces fêtes qu'elles jugeaient sauvages, fit cantonner
les cabildos en dehors des limites de la ville... ce qui renforça
leur indépendance.
Les cabildos devinrent des foyers de
révoltes anti-esclavagistes. Ces rébellions furent réprimées dans le sang,
et leur échec sonna le début de la fin des cabildos. Les autorités
cubaines établirent alors un contrôle de plus en plus serré et bridèrent
de plus en plus leurs activités. A la fin du XIXème siècle, les
cabildos n'étaient plus que des survivances plus ou moins secrètes
et avaient perdu l'essentiel de leur force.
Voici les correspondances entre les noms de différents cabildos,
les régions d'origine des esclaves et leur ethnie d'appartenance.
Cabildo |
Région d'origine |
Ethnie d'origine |
Abakuá |
Nigeria,
Cameroun |
Ekpe |
Mandinga |
Sierra
Leone |
Malinké |
Ganga |
Sierra
Leone |
Malinké |
Mina |
Côte
de l'Or (actuel Ghana) |
Akan |
Lucumi |
Benin,
Nigeria |
Yoruba |
Carabalis |
Nigeria |
Igbo - Efik |
Macauas |
Mozambique |
Makua |
Congo |
Angola |
Bantu |